septembre 07, 2011

De l'économie alternative

L’économie alternative s’inscrit dans la modernité de l’économie sociale des années 70. Mais elle est marquée par d’autres mouvements comme le sans frontiérisme, l’humanitaire, le « non alignement » de certains régimes politiques face à l’essor d’une économie du Nord dominante. Les communautés qui ont préexisté à Mai 68 ont selon Draperi étaient sans doute trop radicales pour subsister. Mais notons toutefois que cette période annonce le retour et l’essor des structures communautaires. En effet, il faut garder en tête la question essentielle du modèle communautaire et des relations de travail dans ces conditions. L’économie alternative des années 70 est une résurgence de l’utopie créatrice. D’où l’intérêt préalable de faire un tour historique des utopies économiques. Cette démarche met en avant le caractère cyclique de cette économie. Mis à part ce que l'on sait des mouvements citoyens, des idéologies « alter »…il n’en demeure pas moins que l’économie tiers est une réponse cyclique à l’économie libérale, capitaliste. L’économie alternative se revendique d’une « autre voie » de développement fondée sur l’autogestion, la solidarité et l’autonomie. Cette deuxième conception de l’économie tiers s’interroge alors sur l’entreprise et son mode de gouvernance et d’organisation, le marché et ces circuits, l’Etat et sa légitimité, mais aussi sur des points plus sociétaux comme les croyances, les structures sociales que sont l’école, la famille, même les organisations religieuses. L’économie alternative est une « autre » solution qui considère tous les réseaux à sa disposition. C’est en cela que notre approche des relations professionnelles dans ce secteur doit considérer plus que les simples acteurs directions, salariés, gouvernement, mais tout un ensemble d’acteurs qui par leur proximité et leur lien ont une influence sur les conditions de travail et la rationalité économique de ces acteurs. D’ailleurs, ce point pose le sujet en termes de différentiel qui nous permet de voir les dérives de ces relations.
Dans l’approche alternative, il y a au moins quatre sens qui sont reconnus :
·                    alter=autrement sur lequel nous portons un regard quelque peu sceptique dans la mesure où cet autrement ne peut s’exporter dans toutes les situations. D’ailleurs, LAUTIER rappelle qu’il est difficile de délimiter au sein même de l’économie informelle le licite de son « autrement » illicite, à savoir le narcotrafic, le trafic d’êtres humains ;
·                    alter= alterner qui renvoie à un investissement cyclique dans les sphères formelles, puis informelles, 
·                    alter=ailleurs. Or, les échecs dans certains pays en développement prouvent que cela ne marche pas non plus ailleurs. Même si « ailleurs » est par définition ethnocentrée le ailleurs de ici. En l’occurrence, il faudrait d’abord localiser les lieux plus propices au développement de certaines formes d’alternance, en laissant de côté certaines idées qui préjugent que les pays du Sud sont le « ailleurs » des pays développés. Pour être clair, le modèle des communautés que nous évoquerons plus bas, fonctionne parce qu’il s’inscrit comme l’ « autrement informel » de l’« ici » développé libéralisé marchand hautement concurrentiel et tertiaire de l’Union européenne. D’ailleurs, l’histoire de l’économie sociale dans les pays industrialisés s’articulent autour de mouvements sociaux, tels que les mouvements ouvriers, paysans, nationalistes, etc. alors que dans les pays en développement, le secteur coopératif ne résulte pas du même processus. DEVELTERE constatait par exemple que la coopération et le mutualisme dans les pays du tiers-monde étaient confrontés à l’héritage du paternalisme postcolonial extérieur imposé et du contrôle gouvernemental, ainsi qu’à la sous-estimation des mouvements sociaux. (In Patrick DEVELTERE, Economie sociale et développement. Les coopératives, mutuelles et associations dans les pays en développement, Ed. De Boeck Université, Jalons, « coll. Ouvertures économiques », Bruxelles, 1998, 171p.)
L’avantage avec une telle démonstration est que le rôle des acteurs de l’économie sociale et solidaire dans les pays en développement est peut être plus compréhensible et plus facilement envisageable. Or, DEVELTERE critique ce qu’il appelle « la naïveté sociologique » qui surestime l’importance des « idéaux de coopération » et néglige les processus sociaux concret. (DEVELTERE, 1998, p11). Cette coopération idéale devient alors le point faible de la compréhension du mouvement d’économie sociale dans ce contexte de développement. Notre avis est donc qu’il nous faut donc être vigilant quant à notre objet d’étude. Les structures de l’ESS dans les pays industrialisées ne sont peut être pas à l’abri de cette « même naïveté sociologique ».
D’ailleurs, DEVELTERE souligne le fait que les coopératives sont introduites tel un instrument d’une ingénierie sociale sans être envisagées comme le fruit de mouvements sociaux spontanés. Les structures de l’ESS naissent donc d’une certaine spontanéité sociale. L’approche contextuelle est donc plus déterminante et plus ambigüe que ce que l’on imagine. Du contexte naît le mécanisme différentiel.
·                    Enfin, les négligences en matière de protection sociale ne promeuvent pas positivement l’alter=altérité. En d’autre terme, l’alter=altérité est cantonné à un certain niveau de vie.

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