Au 21ème siècle, la ville intelligente sera une utopie 2.0. ou ne sera pas

Dans le numéro 1169 du Courrier International, un dossier complet est consacré aux villes intelligentes L’occasion est donnée de faire un point sur l’évolution d’un des grands défis de ce 21ème siècle.



Le terme de « ville intelligente » vient de la terminologie anglaise « Smart cities ». Le concept se diffusant au cours de ces dix dernières années, les différentes acceptions prouvent qu’il n’est pas encore définit.

La « ville intelligente » désigne un type de développement urbain capable de faire face aux besoins à la fois des institutions publiques et des acteurs privés mais aussi de la population en générale. La ville est intelligente parce qu’elle apporte des solutions à un ensemble de problématiques, voire de problèmes économiques, sociaux, et environnementaux. Une telle ville [intelligente] se caractérise par plusieurs éléments complémentaires : la mise en réseaux d’infrastructures d’eau, d’énergie, de traitement des déchets, de communication traditionnelle de services d’urgences, d’équipements publics ; de moyens pourvus en haute technologie électronique et domotique ; l’adéquation de ressources et d’investissement en capitaux humains, sociaux, politiques et techniques. Ce logiciel urbain intelligent permet de promouvoir le développement économique, de faciliter un mode de  gouvernance  et de « vivre ensemble » démocratique, citoyen et participatif. En réalité, la « ville intelligente » est une « ville performante ». Ces  performances ne dépendent pas seulement de la dotation de la ville en infrastructures mais aussi du savoir, de la logistique utilisée, et surtout dans quel but. La « ville intelligente » est une « ville performante », mais aussi une « ville bienveillante ». La ville intelligente répond à la crise qui peut toucher les grandes agglomérations et les grandes métropoles du 21ème siècle : crise du logement, insécurité, insalubrité, encombrement du trafique routier, avaries répétées dans les services de transports, pauvreté architecturale, exode des habitants vers les campagnes, etc.  Ce dernier point évoque la baisse de confiance que les habitants peuvent ressentir vis-à-vis de leur cadre de vie. Une ville qui n’est pas intelligente est une « ville stressante et anxiogène ».

 
Selon Giffinger, six critères définissent la ville intelligente : une économie intelligente, une mobilité intelligente, un environnement intelligent, des habitants intelligents, un mode de vie intelligent et enfin une administration intelligente. Ces critères s’inscrivent dans les différents débats existants sur les théories de la compétitivité régionale et le développement local, l’économie et l’ergonomie des transports, la place des technologies numériques et des réseaux d’information dans le quotidien, les allers-retours critiques entre milieu naturel et milieu habitable, les problématiques croisées entre précarisation des individus et qualité de vie, l’exode de ces habitants  vers le monde rural et leur retour participatif au cœur de la cité.

 

L’organisation des Nations Unies annonçait en 2010 que 2 personnes sur 3 seront « citadines » en 2030, malgré le fait que les crises économiques et environnementales ont transformées les territoires urbains. Selon l’ONU, la performance et l’efficacité des politiques urbaines et territoriales sont devenues une priorité, à la fois locale, régionale et mondiale. Hormis les jumelages qui associent depuis longtemps des villes de pays différents dans des échanges socioculturels, la mondialisation et la globalisation ont renforcé d’un côté les mécanismes d’interconnections et d’un autre la compétitivité entre métropoles. Les expositions universelles sont de bons exemples de cette compétitivité qui existe : chacun profitant de cette vitrine internationale pour prouver son engagement dans la modernité, pour faire preuve d’avant-gardisme technologique et écoresponsable, etc.

Le choc des civilisations a laissé place aux chocs des grandes cités, des mégapoles, voire des mégalopoles : Dubaï, Kuala Lumpur, Hong-Kong, Bombay, Bangalore, Shanghai, Séoul, Singapour, Tokyo, Taipei, Moscou, New York, Berlin, São Paulo, Mexico City, etc.

Ainsi, le développement urbain et les problématiques afférentes font l’objet de plusieurs débats, conférences internationales, publications, exposition. A ce titre, les expositions universelles, les Sommets mondiaux qui se succèdent accordent une place importante à « la vie dans les Smart cities ». Il s’agit de tenir compte de la concentration de plus en plus dense d’individus au cœur des cités, d’évaluer l’ensemble des nouvelles difficultés et la somme des opportunités inédites : alors que les villes occupent aujourd’hui 2% de la surface du globe, les villes abritent 50% de la population mondiale, et consomment 75% de l’énergie produite et sont à l’origine de 80% des émissions de CO2. (Introduction : pourquoi la ville intelligente ? in www.smartgrids-cre.fr). De son côté, l’Union européenne estime à 11 milliards d’euros, l’investissement public et privé nécessaire pour permettre à 25miilions d’européens de vivre dans des « villes rendues intelligentes ». La difficulté n’est pas de bâtir une ville intelligente mais de favoriser la mutation des métropoles existantes. Dans certains cas, ces mutations relèvent non seulement de défis, mais de profondes révolutions utopiques.
(Cf. à la suite de cette page dans l'article du même nom "Au 21éme siècle, la ville intelligente sera une utopie 2.0 ou ne sera pas)

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