EMMAÜS et son Compagnon : Empowerment vs. Contrôle social de l’Insertion d’un travailleur solidaire dans une structure d’accueil communautaire. Analyse comparative France/Espagne

Introduction

EMMAÜS est un mouvement en France, par l’Abbé Pierre, qui devient une association loi 1901 en 1953. Depuis, Emmaüs est international et diversifié en institutions « adaptées » aux divers besoins socio-économiques. Notre regard se porte particulièrement sur l’institution phare de cette organisation.
En premier lieu, nous aborderons la Communauté d’Emmaüs en tant qu’institution spécifique de l’Economie sociale (Archambault, 1996, 2001, 2002, Demoustier, 2003). Elle s’est structurée autour de la régulation des rapports sociaux et de l’assistance aux populations exclues. Ainsi, au sein des Communautés, des « bénéficiaires-travailleurs », les Compagnons d’Emmaüs, assurent par une activité de récupération, les ressources nécessaires à la structure qui les accueille. Et ce, en contrepartie de garanties de protection sociale (Castel, 2009) La seconde partie repose sur une analyse comparative France-Espagne. Nous y abordons la logique d’intervention sociale d’un pays à l’autre, et l’impact idéologique du Mouvement sur ces modes d’intervention. Ces derniers sont mués par les rapports et partenariats avec l’Etat |-providence|. Cette partie traite de la gestion contrôlée des trajectoires des compagnons dont le statut oscille entre celui de bénéficiaire et de travailleur. Cette gestion est particulière, puisqu’il y a au sein des Communautés deux autres acteurs (Crozier, Friedberg, 1977) : les salariés et les bénévoles. Nous verrons comment les stratégies managériales « solidaires » enferment le compagnon dans une forme de dépendance institutionnelle, impropre à l’empowerment. Enfin, notre investigation se base sur l’analyse des documents sources, sur des entretiens, mais surtout sur deux semaines d’observation participante dans la communauté française du Plessis Trévise, en Ile de France et dans celle de Murcie, en Espagne, dans la Communauté autonome de Murcie.

I. Communautés et Compagnons d’Emmaüs : De la spécificité d’une structure de l’économie sociale approprié aux besoins d’une population en exclusion

A. La Communauté : entre refuge et lieu d’engagement solidaire

A Emmaüs, l’idée de « communauté » évoque le regroupement d’hommes, exclus de la société, qui trouvent refuge dans une maison protectrice (Esposito, 2000). A l’image d’une corporation (celle des Compagnons et des chiffonniers d’Emmaüs), la structure fonctionne sur des principes coopératifs, associatifs et mutualistes. Le modèle communautaire renforce les injonctions à la normativité, en exhortant à l’autonomie et à la responsabilité individuelle. (Bloch-Lainé,1999, Barthelemy,2000). Quant à l’engagement des Compagnons, il relève évidemment du besoin « primaire » de trouver un refuge, mais aussi de travailler dans une structure socio-économique aux règles plus souples. Enfin, d’un point de vue juridique, toutes les Communautés d’Emmaüs sont enregistrées association loi 1901.

B. Entre engagement solidaire et « besoin d’aide » : la stratégie d’intervention communautaire limite l’Empowerment


L’engagement associatif permet aux individus de retrouver des normes de conduite, des positions, et des rôles sociaux (Barthélémy,2000). Historiquement, Emmaüs naît de la rencontre du fondateur avec un désespéré suicidaire, Georges Legay. Au lieu de l’aider, l’Abbé Pierre lui propose : « Je ne peux pas t'aider, mais toi, tu peux m'aider à aider les autres ». Ce principe fondateur est nécessaire pour comprendre la méthode d’intervention sociale dans les communautés.

D’ailleurs, Bloch-Lainé expliquait que la stratégie d’intervention est influencée par le mode de formation de l’association (ou de la communauté) et aussi de la position des promoteurs de l’aide au regard de l’action engagée. Il décrivait alors deux modes de formation : l’aide sociale, dans laquelle les promoteurs génèrent une activité nécessaire pour un groupe de bénéficiaires dont ils ne font pas partie ; l’entraide, dans laquelle les promoteurs mettent en place une activité pour le groupe dont ils estiment faire partie.

Cette opposition a existé au sein du mouvement. Entre les abbé-pierristes, proches de l’idéologie du fondateur, favorables aux principes d’entraide, et les emmaüsiens (plus institutionnalistes) convaincus du premier principe. Cela a conduit à la constitution de fédérations historiques du Mouvement français, dont les principales l’UCC, les emmaüsiens et l’UACE, les abbé pierristes (Brodiez, 2008
). Chacune tentant d’éviter d’un côté, les formes de paternalisme ou la dépendance charismatique vis-à-vis du fondateur, et d’un autre côté, d’éviter la consolidation des jeux défensifs, la limitation de l’engagement en son sein et de fait l’échec de l’auto aide sociale. La logique communautaire oscille entre la capacitation de chacun des communautaires à se prendre en charge, s’entraider, et la solidarité en cascade, l’aide – sociale – au plus souffrant. Ce dernier induit que des compagnons sont moins capables d’autonomie. Ce sont les limites de l’empowerment.

C. La méthode communautaire au sein d’un dispositif institutionnel diversifié : Une intervention sociale « spécialisée »

Les associations aménagent souvent leurs formes d’organisation, en fonction de l’idéologie, du projet associatif et des nécessités marchandes. Ainsi, le Mouvement français est divisé en 3 branches : Communautaire ; Action sociale et logement ; enfin Economie solidaire et insertion.



Ce dispositif organisationnel « sectorisé » permet une couverture associative et sociale – Emmaüs serait à la fois une association dont l’action est articulée vers l’action publique, une association de militant et de solidarité (Tchernonog, 2007) –, une variété de ressources correspondant à des financements et des fiscalités différentes, une spécialisation (aide d’hébergement, activité de récupération et de vente, aide contre le surendettement). Ce système permet de répartir les avantages et inconvénients en termes de plus-value, de ressources financières, de partager le contrôle, etc.


II. Trajectoires dans les communautés d’Emmaüs en France et en Espagne : Entre flexibilité et contrôle dans l’intervention sociale

A. Dans les Communautés d’Emmaüs France, l’intervention sociale idéologique et flexible crée de la dépendance institutionnelle

1)     
L’intervention sociale « communautaire » est basée sur 4grands principes

La Communauté est un lieu d’accueil, de vie, de travail et de solidarité. Une communauté accueille inconditionnellement au titre de bénéficiaires, des individus en rupture avec le système, le marché du travail, et d’autres institutions comme la famille. L’individu peut rester indéfiniment, en fonction des places disponibles et dans la mesure du projet que lui propose la Communauté.
Elle est un lieu de vie qui répond aux besoins fondamentaux (Maslow, 1954), la communauté fournit une protection sociale au compagnon : droit à la santé, à la Sécurité Sociale, à la retraite et plus généralement à tout ce qui contribue à son autonomie. Mais, elle déplace son dispositif organisationnel d’une maison d’accueil, à un refuge, une nouvelle famille, une nouvelle vie, une autre forme d’entreprise (Laville, Sainsaulieu, 2004).
Elle est un lieu de travail qui permet de retrouver des repères d’une vie sociale organisée. Il permet à chaque compagnon de se nourrir, d’être logé, de partir en vacances, de participer à la vie sociale et culturelle mais également de bénéficier de nombreux services tels que le droit à la santé, la couverture sociale, la validation des trimestres de retraite. On présuppose une structure communautaire comme une entreprise adaptée à la réinsertion. En France, ce n’est pas le cas : ce n’est ni une entreprise d’insertion ni une forme d’entreprise sociale palliative. La personne accueillie à la Communauté restera le temps qu’elle voudra. Les responsables de communauté n’ont pas d’obligation [de résultat] de réinsertion.
Enfin, la communauté est un lieu de solidarité. Selon le Bilan 2007, sur les 14,15M€ de solidarité, les communautés pourvoyaient près de 5,1M€.
2) Les « multiples visages » du Compagnon limitent la flexibilité
a} Le statut de Compagnon englobe les multiples identités du bénéficiaire
En France, l’accueil inconditionnel et sans discrimination doit faire face à la multiplicité des profils des usagers-bénéficiaires : Populations exclues, souffrants de dépendances à la drogue ou à l’alcool, ou en rupture avec le marché du travail, avec la famille, SDF.
Or, le statut de Compagnon est une requalification de tous les statuts de bénéficiaire en celui de travailleur solidaire. Un arrêt de la Cour de Cassation de 2002 reconnaît à Emmaüs le droit de faire travailler les « compagnons » sans être salariés, sans contrats d’embauche. Et, en octobre 2008, les députés adoptaient dans l’article 8 bis (nouveau) du Code de l'action sociale et des familles, un statut des personnes accueillies dans des organismes d'accueil communautaire et d'activités solidaires, (où on) autorise à faire participer ces personnes à des activités d'économie solidaire afin de favoriser leur insertion sociale et professionnelle.
b} La Communauté entre solidarité, aliénation et jeux individuels
Le statut du Compagnon est quelque part aliénant car il se développe sur des phénomènes inclusifs et exclusifs à l’action collective (Crozier, Friedberg, 1977). Les individus sont en tension entre leur dévouement à l’organisation et leurs intérêts personnels. Celui qui ne travaille pas (ou le passager clandestin) est très vite exclu du groupe (M. Olson, 1971). Bien évidemment, le dispositif communautaire réprime tous jeux individuels mais des jeux de pouvoirs s’effectuent au niveau des postes, surtout ceux requérant des compétences nécessaires au développement de la communauté (chauffeur, menuiserie, électricité, etc.).
D’autres sont liés à l’ancienneté et l’expérience emmaüsienne : les nouveaux compagnons ayant tendance à être consommateurs plutôt qu’acteurs, (Eme, Carrel, 2008). En 60 ans d’existence, les communautés ont accueilli différents profils de « nouveaux pauvres ». L’aide sociale à Emmaüs s’adapte à ces phénomènes.

c} Le Trépied : La gestion des ressources humaines limite les capacitations des Compagnons
Au sein des Communautés, le Compagnon collabore avec les bénévoles et les salariés. Cela nécessite une gestion en Trépied où chacune des parties occupe plus ou moins une fonction : d’encadrement chez les salariés, de décision et d’accompagnement chez les bénévoles, de production chez les Compagnons. Il existe un paradoxe entre la fonction de production du compagnon, permettant son autonomie et sa position de bénéficiaire.


3) La protection solidaire à Emmaüs entraine une forme de dépendance institutionnelle

Tout régime de protection sociale mobilise un arsenal de mesures (Gazier, 1993). Celui des communautés tente de satisfaire les besoins fondamentaux des compagnons (Maslow, 1954). Le règlement de la Communauté Le Plessis Trévise (famille UCC) mentionne les points suivants : Les rémunérationsUn compagnon touche une indemnité appelée « pécule » de 49€ hebdomadaire (soit 212,33€ /mois). Les règles de travail sont proches du Code du travail : 36h hebdomadaire, 2 ½ jours de repos par semaine. Au pécule s’ajoute 6€ d’allocation d’hygiène. Les compagnons touchent une prime sur les résultats des deux grandes ventes exceptionnelles. Ce faible revenu est compensé par l’allocation vacance. A l’époque des fédérations, c’était presque un instrument de captation de l’UCC. Certains compagnons qui ont vécu dans d’autres communautés considèrent l’allocation vacance comme un avantage à travailler dans cette communauté-ci. Celles-ci sont de 40€ par jours de vacances. (soit 15jours de vacances au bout de 6mois, 2jours ½ par mois). Les cotisations socialesPour chacun des compagnons (y compris les sans-papiers), la communauté du Plessis Trévise verse les cotisations sociales sur la base forfaitaire de 40% du taux horaires du SMIC (soit au 1er juillet 2004, 7,61*40%=3,04€/h. Le nombre d’heure a été réparti sur une base de 169heures par mois[3]. Les cotisations sont : maladies-maternité-invalidité-décès, vieillesse, veuvage, CSG (Cotisation sociale généralisée), CSG déductible, RDS (Remboursement de la dette sociale).

La formation et l’insertionA la branche communautaire, est rattachée une Maison de la formation des compagnons. Certains compagnons pensent qu’elle est inefficace. La question de la réinsertion fait débat au sein d’EMMAUS. (Eme, Carrel, 2008). D’ailleurs Eme et Carrel comptait 3courants:


Au Plessis Trévise, (2e courant) les dispositifs de réinsertion sont inexistants. Les compagnons interrogés reprochent un manque de communication avec le responsable, un manque de formation et une obligation de faire ses démarches hors de la communauté.

L’accueil inconditionnel et sans limite de temps des communautés


La retraite
Les retraités étaient 237 dans les communautés au 31décembre 2005, 6%du total des compagnons. Il existait une maison de retraite des compagnons La Halte EMMAÜS à Esteville qui s’était créée notamment pour accueillir les compagnons de la première heure et le fondateur vieillissants. Depuis, la maison de retraite a fermé et chacune des Communautés tente de résoudre sur son propre terrain institutionnel la problématique de la retraite. Ainsi, la communauté du Plessis proposait deux autres possibilités en tenant compte de l’autonomie de la personne et le montant de sa retraite : Un appartement en colocation et le foyer logement avec des petits studios (cuisine, salle de bain), une salle réfectoire pour les résidents.


B) A Emaus Murcia, la Stratégie institutionnalisée, contrôlée et différentielle favorise l’autonomie

Cette partie porte sur le fonctionnement et la gestion d’une structure Emmaüs en Espagne : L’association Traperos EMAUS de la région de MURCIA. (Traperos signifie « chiffonniers » ou renvoie aux travailleurs de la récupération)
Emmaüs Murcia est une jeune association à but non lucratif, fondée en 1995 par des travailleurs sociaux, professionnels de l’environnement, psychologues, etc. Elle est matriculée à la fois en tant que Centre de Services sociales et Service sociale d’urgence.

1) L’intelligence sociale des Communautés espagnoles intègre tous les aspects d’une intervention sociale efficace


(a) Institutionnalisation des Communautés espagnoles et partenariat public/privé

Dans certains cas, la valorisation idéologique ou militante d’une organisation décentralisée conduit à des « désaccords »
. Les subordonnées défendant des visions du monde différentes déformeront l’intention originelle de la haute direction au cours du processus de décomposition du plan expliquait Orléan.
Ainsi, Emmaüs Murcia ne disposant pas de l’aura institutionnelle d’Emmaüs France, s’est développée en se basant sur un ensemble de programmes organisés et selon les critères « d’offre et de demande » du marché de l’exclusion et de l’insertion professionnelle (définitions des collectifs bénéficiaires, positionnement, etc.). Emmaüs Murcia dépend des subventions en attendant de développer une forme d’autonomie.

(a) L’approche « mesurée et évaluée » de l’exclusion redécoupe le collectif des bénéficiaires : Fin du statut unique de Compagnon
L’expertise et les programmes d’aides subventionnés ont donc redécoupé le groupe des bénéficiaires et les effectifs « communautaires ». L’association n’accueille pas inconditionnellement, sinon des collectifs visés par des programmes subventionnées (Castel, 2003) : des populations sans domicile, principalement des hommes seuls ou séparés, avec un bas niveau de qualification, etc. ; des chômeurs de longue durée ; des personnes souffrant de handicaps physiques ou psychiques ; en situation de déracinement social ; en processus de désintoxication (contre l’alcool ou la drogue) ; issues de minorités ethniques (les gitans, par exemple) et des immigrés en situation irrégulière ; des anciens détenus ; des femmes, souvent avec enfants à charge
.


2) De la structure communautaire « refuge » à la bureaucratie sociale : Une intervention échelonnée et adaptée aux nécessitésLa structure communautaire a laissé place à une forme d’organisation bureaucratique divisée en aires spécialisées : un espace administratif, de direction, de financement ; un espace professionnel industriel ; un espace socio thérapeutique, auquel appartient la maison communautaire ; un espace formation et insertion. 



Ce dispositif permet à Emmaüs Murcia un modèle d’intervention, basé sur un itinéraire intégrale en 10 objectifs:
1. L’accueil, le suivi et l’attention sociale de toutes les personnes qui participent aux projets de la structure.
2. L’accompagnement social « intégral » inclut le diagnostique, l’attention, et le suivi socio-sanitaire et celui des capacités sociales à l’autonomie.
3. L’hébergement en communauté permet de faire la passerelle entre une situation d’exclusion et une situation de réinsertion, et le retour à la vie normalisée.
4. L’attention psychothérapeutique : des thérapies soignent les distorsions psychologiques et sont orientées vers le recouvrement des capacités sociales et professionnelles (prise de conscience, responsabilisation, etc.)
5. La formation basique et occupationnelle : les diverses activités industrielles que produisent Emmaüs Murcia participent de ce programme de formation
6. La formation spécialisée, à la fois interne et externe, consiste en une seconde phase de programme d’insertion professionnelle. Elle est spécifique selon les capacités, les compétences, et le choix des travailleurs – bénéficiaires. 
7. La promotion vers le marché du travail normalisé est un processus échelonné (élaboration d’un curriculum personnel, développement de techniques de recherche d’emploi, accompagnement, médiation à l’insertion professionnelle). Cette étape mobilise des agents externes, administration et services sociaux .
8. La promotion du volontariat et la recherche de réseau de soutien, etc. 
9. L’emploi « aidé » pour des collectifs déterminés en coordination avec diverses entités.
10. Les entreprises d’insertion sociale sont l’étape finale du processus d’insertion pour ceux qui se trouvent dans la capacité d’accéder à un emploi normalisé.

3. La relation salariale est un outil de contrôle des trajectoires : Vers l’autonomisation des bénéficiaires
Le Contrôle des travailleurs et la répartition des revenus est basée sur les processus d’itinéraires (Salanié, 1997, Malcomson, 1999). Cela se fait sur divers échelons jusqu’au contrat d’insertion. En l’occurrence, le groupe des bénéficiaires est divisé entre contrat d’insertion touchant un revenu minimum et les allocataires. Seules les allocations sont soumises à l’évaluation suivante. 





Conclusion
La structure communautaire est une institution de l’économie sociale et solidaire qui induit une forme d’intervention sociale qui oscille entre le « refuge »- l’accueil et la solidarité envers des populations exclues – et l’entreprise associative autonome. D’ailleurs, notre approche de l’identité du communautaire démontrait qu’il était pris en tension entre son statut de bénéficiaire de l’aide et son identité de travailleur. Cette tension rend inefficace toute capacitation à l’autonomie, cette double identité limite l’Empowerment.
L’analyse comparative entre deux communautés d’Emmaüs montre l’évolution de l’intervention sociale entre idéologie et institutionnalisation (ou marchandisation). De fait, nous voyons qu’intégrer ou non, le marché de l’insertion sociale, a une influence sur les règles et les méthodes d’intervention du système communautaire. En termes « associatifs », cela renvoie à une remise en cause de l’idéologie et de l’autonomie associative. Or, cette indépendance du système vis-à-vis des institutions se mesure en termes de flexibilité et de contrôle. En somme, les communautés françaises font preuve d’une intervention sociale flexible qui met l’idéologie et le système emmaüsien au service de l’homme, en prenant en charge l’ensemble de ces besoins socio-économiques alors que les communautés espagnoles ont une logique plus contrôlé de l’aide sociale. Elles mettent l’homme au cœur d’un système institutionnel et à l’épreuve des politiques sociales.
Chacune des communautés fonctionnent en tant que refuge et entreprise associative. Mais, la question des trajectoires des Compagnons remet en cause l’efficacité d’une indépendance institutionnelle. L’intervention sociale, fortement idéologique ou pas, ne peut totalement s’isoler des logiques institutionnelles.
BibliographieArchambault E., Le secteur sans but lucratif. Associations et Fondations en France, Paris, Economica, 1996
Barthelemy M., Associations : Un nouvel âge de la participation, Paris, Sciences Po Les Presses, 2000
Bloch Lainé F., Faire Société : les associations au cœur du social, Paris, Syros, 1999
Brodiez A, Emmaüs et l’Abbé Pierre, Paris, Sciences Po Les Presses, 2008
Castel R., L’insécurité sociale : Qu’est-ce qu’être protégé ?, Paris, Seuil, 2003
Crozier M., Friedberg E., L’acteur et le système, Paris, Seuil, 1977
Demoustier D., L'économie sociale et solidaire : s'associer pour entreprendre autrement, Paris, la Découverte, 2003
EMMAÜS France, Rapport d’activité 2007-2008, Paris, Emmaüs France, 2008
Eme, B., Carrel, M., 2008, Les Communautés Emmaüs dans un monde incertain, Les Editions Communautés Emmaüs, Paris
Gazier, B., Les stratégies des ressources humaines, Paris, La Découverte, 1993
Hély M., Le travailleur associatif : un salarié de droit privé au service de l’action publique, Thèse de l’Ecole des Hautes en sciences sociales, 2005,
Laville J-L., Sainsaulieu R., Sociologie de l’association, Paris, Desclée de Brouwer, 2004
Malcomson, J., 1999, Individual Employment Contracts. in Ashenfled, O., Card, D., Handbook of Labor Economics, 3 (35), 2291-2372, 2004
Maslow, A., Motivation and Personality, Harper & Row, New York, 1954
Olson M., The logic of Collective action: Public good and theory of groups, Harvard University Press, Cambridge, 1971
Salamon, H. L., Anheier, R.L, Global Civil Society: Dimensions of the Non-profit Sector: The Johns Hopkins Comparative non-profit sector project, Baltimore, Johns Hopkins Center for Civil Society, 1999
Salanié B., La théorie des contrats, Paris, Economica, 1994
Tchernonog, V., Le paysage associatif français : mesures et évolutions : profil, activités, budget, financement, dirigeants, gouvernance, emploi salarié, travail bénévole, Paris, CNRS-MATISSE, 2007

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire