mai 02, 2014

Au 21ème siècle, la ville intelligente sera une utopie 2.0. ou ne sera pas !


Dans le numéro 1169 du Courrier International, un dossier complet est consacré aux villes intelligentes L’occasion est donnée de faire un point sur l’évolution d’un des grands défis de ce 21ème siècle.



Le terme de « ville intelligente » vient de la terminologie anglaise « Smart cities ». Le concept se diffusant au cours de ces dix dernières années, les différentes acceptions prouvent qu’il n’est pas encore défini.
La « ville intelligente » désigne un type de développement urbain capable de faire face aux besoins à la fois des institutions publiques et des acteurs privés mais aussi de la population en générale. La ville est intelligente parce qu’elle apporte des solutions à un ensemble de problématiques, voire de problèmes économiques, sociaux, et environnementaux. Une telle ville [intelligente] se caractérise par plusieurs éléments complémentaires : la mise en réseaux d’infrastructures d’eau, d’énergie, de traitement des déchets, de communication traditionnelle de services d’urgences, d’équipements publics ; de moyens pourvus en haute technologie électronique et domotique ; l’adéquation de ressources et d’investissement en capitaux humains, sociaux, politiques et techniques. Ce logiciel urbain intelligent permet de promouvoir le développement économique, de faciliter un mode de  gouvernance  et de « vivre ensemble » démocratique, citoyen et participatif. En réalité, la « ville intelligente » est une « ville performante ». Ces  performances ne dépendent pas seulement de la dotation de la ville en infrastructures mais aussi du savoir, de la logistique utilisée, et surtout dans quel but. La « ville intelligente » est une « ville performante », mais aussi une « ville bienveillante ». La ville intelligente répond à la crise qui peut toucher les grandes agglomérations et les grandes métropoles du 21ème siècle : crise du logement, insécurité, insalubrité, encombrement du trafique routier, avaries répétées dans les services de transports, pauvreté architecturale, exode des habitants vers les campagnes, etc.  Ce dernier point évoque la baisse de confiance que les habitants peuvent ressentir vis-à-vis de leur cadre de vie. Une ville qui n’est pas intelligente est une « ville stressante et anxiogène ».
 
Selon Giffinger, six critères définissent la ville intelligente : une économie intelligente, une mobilité intelligente, un environnement intelligent, des habitants intelligents, un mode de vie intelligent et enfin une administration intelligente. Ces critères s’inscrivent dans les différents débats existants sur les théories de la compétitivité régionale et le développement local, l’économie et l’ergonomie des transports, la place des technologies numériques et des réseaux d’information dans le quotidien, les allers-retours critiques entre milieu naturel et milieu habitable, les problématiques croisées entre précarisation des individus et qualité de vie, l’exode de ces habitants  vers le monde rural et leur retour participatif au cœur de la cité.
 
L’organisation des Nations Unies annonçait en 2010 que 2 personnes sur 3 seront « citadines » en 2030, malgré le fait que les crises économiques et environnementales ont transformées les territoires urbains. Selon l’ONU, la performance et l’efficacité des politiques urbaines et territoriales sont devenues une priorité, à la fois locale, régionale et mondiale. Hormis les jumelages qui associent depuis longtemps des villes de pays différents dans des échanges socioculturels, la mondialisation et la globalisation ont renforcé d’un côté les mécanismes d’interconnections et d’un autre la compétitivité entre métropoles. Les expositions universelles sont de bons exemples de cette compétitivité qui existe : chacun profitant de cette vitrine internationale pour prouver son engagement dans la modernité, pour faire preuve d’avant-gardisme technologique et écoresponsable, etc.
Le choc des civilisations a laissé place aux chocs des grandes cités, des mégapoles, voire des mégalopoles : Dubaï, Kuala Lumpur, Hong-Kong, Bombay, Bangalore, Shanghai, Séoul, Singapour, Tokyo, Taipei, Moscou, New York, Berlin, São Paulo, Mexico City, etc.
Ainsi, le développement urbain et les problématiques afférentes font l’objet de plusieurs débats, conférences internationales, publications, exposition. A ce titre, les expositions universelles, les Sommets mondiaux qui se succèdent accordent une place importante à « la vie dans les Smart cities ». Il s’agit de tenir compte de la concentration de plus en plus dense d’individus au cœur des cités, d’évaluer l’ensemble des nouvelles difficultés et la somme des opportunités inédites : alors que les villes occupent aujourd’hui 2% de la surface du globe, les villes abritent 50% de la population mondiale, et consomment 75% de l’énergie produite et sont à l’origine de 80% des émissions de CO2. (Introduction : pourquoi la ville intelligente ? in www.smartgrids-cre.fr). De son côté, l’Union européenne estime à 11 milliards d’euros, l’investissement public et privé nécessaire pour permettre à 25miilions d’européens de vivre dans des « villes rendues intelligentes ». La difficulté n’est pas de bâtir une ville intelligente mais de favoriser la mutation des métropoles existantes. Dans certains cas, ces mutations relèvent non seulement de défis, mais de profondes révolutions utopiques.
 
 
Des villes nouvelles, …des utopies intelligentes?
 
L’utopie, telle que Thomas More, l’a conçu, décrit une société idéale. La cité utopique prend ses origines dans la République de Platon. Avant d’être un lieu, l’utopie est précisément un lieu qui ne se trouve nulle part, un non-lieu. L’Utopie est une idée littéraire qui s’apparente au voyage. Ces voyages conduisent le « voyageur » vers des cités idéales : l’utopie est donc à la fois le voyage et le lieu, c’est la description d’un projet d’établissement rationnel d’une société idéale. Le concept d’utopie issue de la philosophie est aussi une notion d’économie sociale et solidaire.
La cité idéale est depuis longtemps une incarnation intellectuelle et matérielle de la res publica, de la chose publique, de la démocratie. La cité idéale est une conception qui vise, non seulement la perfection architecturale, mais elle aspire surtout à bâtir ‘un vivre ensemble’, une organisation sociale harmonieuse et singulière basée sur des acquis moraux et politiques, et mues par des facteurs économiques et sociaux. La Cité, si elle est idéale, c’est aussi par rapport aux autres villes. La cité idéale est non seulement un endroit où il fait bon vivre, mais où il fait mieux vivre.
 
La cité idéale dans l’antiquité
Dès l’antiquité, des initiés veulent matérialiser le mythe de la tour de Babel. Dans son évocation dans le livre de la genèse, il s’agissait pour les hommes, d’alors,  d’atteindre le ciel. Platon (427 à 348 av J-C) écrit la République qui traite avant tout de la justice dans la cité et chez les individus.
Hormis la morale et la justice qui prévalent parfois dans la construction de la cité idéale, il s’agit de rationaliser l’organisation spatiale de la ville (comme par exemple le plan hippodamien ou plan orthogonal tel qu’on le retrouve dans les colonies grecques). L’organisation spatiale doit servir l’organisation de la république idéale.
L’organisation sociale est aussi au cœur de la réflexion d’Aristote qui s’intéresse aux trois axes : social, politique et spatial qui doivent fonder l’organisation de la Cité idéale.
La fondation des villes romaines a plusieurs exigences, dont un réseau de rues en damiers à partir d’un axe majeur fourni par l’intersection à angle droit du decumanus[1] et du cardo[2] dont les extrémités sont les quatre accès principaux à la ville. Le cardo est une des rues principales au cœur de la vie économique et sociale de la ville. Chacun des accès découpant la ville en îlots répartis selon le rang et la fonction des futurs occupants. A la croisée de ces deux axes, se trouvait généralement le forum : cette place publique où les citoyens se réunissaient pour traiter des affaires politiques ou économiques, ou pour marchander.
 
Les utopies de la Renaissance à l’âge classique
La Renaissance, notamment italienne, est fortement influencée par l’idée de Cité Etat. Suite à l’obscurantisme du Moyen-âge, les villes médiévales aux ruelles tortueuses apparaissaient comme une déviance du modèle originel de la cité antique. Certains auteurs comme Francesco Colonna, More, Johann Eberlin von Günzburg, Tommasso Campanella, Francis Bacon, pour ne citer qu’eux imaginent des sociétés idéales. Au-delà de ces réflexions philosophiques et artistiques, des juristes s’interrogent sur la forme juridique favorable à l’émergence des cité-Etat idéal (Jean Bodin (1529-1596), James Harrington (1611-1677).
Des expériences éclosent ça et là, notamment en Italie : l’architecte Biagio Rossetti devait aménager la cité de Ferrare à partir de 1492, en mariant esthétique et rationnalité. Il prévoit une intersection de deux avenues aux bords desquels se dressaient quatre palais. En 1593, la cité - forteresse de Palmanova est caractérisée par sa forme originale en étoile à neuf branches, ses portes monumentales conçues par Vincenzo Scamozzi. La disposition en étoile permettait aux gardes de se rendre rapidement sur les remparts.
Un autre exemple est celui des anabaptistes de la ville de Münster qui essayèrent de transformer leur ville en théocratie…mais si ces expériences échouent dans le vieux monde, la colonisation et la découverte des terres du nouveau monde favorisent l’éclosion outre-Atlantique. L’exemple le plus connu est celui de la fondation de Philadelphie en 1681 par le quaker William Penn. Penn (qui donnera son nom à la Pennsylvanie) redonne vie à la tradition des cités utopiques ; l’architecture de la ville reflète la société idéale qu’elle veut refléter.
 
L’idéal de la cité moderne n’échappe pas aux siècles des Lumières. Montesquieu (1689-1755) entend découvrir la constitution idéale pour réformer les sociétés. Etienne-Gabriel Morelly développe les fondements d’un état où l’égalité des droits et des devoirs des citoyens est assurée par une organisation mathématique et rationnelle de la Cité. Le XVIIIe siècle voit de nombreuses expériences de réorganisation urbaine : Claude Nicolas Ledoux (1736-1806) réalise la cité de la Saline royale d’Arc-et-Senans.
 
Les temps modernes et la révolution industrielle
Le 18ème, puis le 19ème siècle sont celui de l’émergence des cités – coopératives et des cités – communautés :
  • La Communauté de New Harmony de Robert Owen. New Harmony fût bâtie par la Harmony Society présidée par George Rapp (1757-1847). Il s’agissait d’une des trois villes construites par le groupe religieux appelé Rappites. Quand la communauté religieuse décida de retourner en Pennsylvanie, ils vendirent ces 121 km² de terrain et les bâtiments à un utopiste et socialiste réformiste gallois R. Owen (1771-1858).
  • l’Icarie imaginée par le théoricien socialiste utopique Etienne Cabet repose sur des principes communistes chrétiens. Les ateliers et l’agriculture sont mécanisés, nourritures et vêtements sont fournis gratuitement aux citoyens. L’éducation est universelle et gratuite.
  • Le familistère de Jean-Baptiste André Godin construira le familistère de Guise, sur le modèle du phalanstère de Charles Fourier. Le familistère comprend un Palais social, des bâtiments d’économats, des écoles et des théâtres, une buanderie, des bains et une piscine, des logements.
Au-delà de ces expériences coopératives, les Cités Jardins essaiment en Grande Bretagne, sous l’inspiration de l’urbaniste Ebenezer Howard en 1898. Pour l’urbaniste, c’est une manière de penser la ville en opposition à la ville de la révolution industrielle, polluée et dont on ne contrôle plus le développement : ainsi, des villes comme Letchworth, Hampstead, Welwyn. La Cité-Jardin se définie selon plusieurs critères précis :
  • Une maîtrise publique du foncier
  • La présence d’une ceinture agricole autour de la ville pour l’alimenter en denrées
  • Une densité relativement faible du bâti (environ 30 logements par hectare)
  • La présence d’équipements publics situés au centre de la ville (parcs, galeries de commerces, lieux culturels)
  • La maîtrise des actions des entrepreneurs économiques sur l’espace urbain. La présence ou pas d’une entreprise est validée par les habitants via la municipalité, tant que l’activité ne nuit pas à l’intérêt collectif.
Il existe des expériences de Cités Jardins en France (La Cité de la butte rouge à Châteney-Malabris, Drancy, Asnières sur Seine, Stains, etc.) ou en Belgique (la Cité Batavia à Roulers, la Cité de Hautrage-Nord dans laprovince de Hainaut, la Cité Kleine Rusland à Zelzate, etc.)
 
Les « urbanismes » au  20ème siècle
Parmi les exemples de structures communautaires qui se sont développées au cours du 20ème prolongeant l’inspiration coopérativiste et collectiviste, les Kibboutzim en Palestine et en Israël sont les plus parlants. Le Kibboutz est une communauté ou village collectiviste développé sous l’influence des idées du socialisme associatif. Ce sont à l’origine des communautés rurales, puis ensuite se sont développées des activités plus industrielles.
La plupart des Kibboutzim sont conçus sur le même modèle : au centre se trouvent les structures communes telles que le réfectoire, l’auditorium, les bureaux, la bibliothèque. Ces infrastructures sont entourées par des jardins et les bâtiments de logement. Plus loin, on peut trouver des équipements sportifs, les champs et les vergers et les bâtiments et ateliers industriels. C’est une assemblée générale qui assure la prise de décision.
Pour être tout à fait précis, ce n’est qu’au début du 20ème siècle qu’apparaît en France le terme « urbanisme ».  Viennent  alors se greffer des préoccupations de type esthétique et hygiéniste.
 
Mais la figure tutélaire de l’urbanisme utopique est l’architecte Le Corbusier, dont le purisme esthétique se retrouve dans nombres d’ouvrages. De son œuvre, naît un autre courant appelé « brutalisme », dont l’un des exemples les plus marquants est la ville moderne de Chandigarh en Inde.
Les principaux théoriciens de ce courant sont deux architectes anglais Alison et Peter Smithson. Les structures brutalistes, comme le nom l’indique, utilisent en majorité le béton brut comme matériau de base. D’apparence massive, les structures brutalistes se composent de formes géométriques anguleuses qui se répètent et tendent à dévoiler des matériaux et des équipements structurels généralement dissimulés. Le Centre Georges Pompidou à Paris en est un bon exemple. En dehors du béton, les matériaux sont la brique, le verre, l’acier, la pierre grossièrement taillée et les gabions (sortes de casiers métalliques contenant des pierres).
Hormis ces villes et ces bâtiments modernes nées de l’inspiration brutaliste et puriste, la construction de citées idéales est aussi le projet de sociétés collectives, pacifistes et anti-consuméristes, comme les hippies. Dans les années 70, des artistes américains tentent de mettre en place le projet d’Illichville (du nom du penseur de l’écologie politique Ivan Illich). Cette utopie urbaine repose sur les notions de décroissance et de convivialité. C’est aussi à cette époque que naissent d’autres comme concepts comme l’Arcologie de l’architecte Paolo Soleri, qui propose un développement verticale de la Cité. La verticalité d’une Cité est une idée largement véhiculée la littérature de science-fiction.
Avec la fin du 20ème siècle, l’écologie, l’environnement, le rejet de la société de consommation, le gigantisme sont autant de valeurs qui fondent, non plus des cités écologiques mais des villages : les écovillages. L’écovillage est une agglomération généralement rurale ayant une perspective d’autosuffisance variable, d’un projet à l’autre et reposant sur un modèle économique alternatif. La priorité est en effet redonner une place plus équilibrée à l’individu en harmonie avec son environnement : « ne pas prendre à la terre plus que ce que l’on peut lui retourner.
 
Au 21ème siècle, des villes et des quartiers intelligents poussent ‘ça et là’ dans le monde
 
Dans son dossier sur les « villes intelligentes », le courrier international rappelle les différentes expériences de ville intelligente à travers le monde.
L’article « la ville intelligente n’est plus de la science fiction » rappelle qu’à l’origine, ces projets ambitieux de villes nouvelles apparaissaient plutôt en pleine nature, voire même dans le désert : par exemple, un projet appelé Masdar à Abou Dhabi était supposée accueillir 40 000 habitants. Au cœur de ce projet urbain, des infrastructures intelligentes situées dans les sous-sols, notamment avec des canalisations pourvues de capteurs et un réseau de routes magnétiques afin de faciliter la conduite des véhicules de transports personnels automatisés, guidés par sustentation magnétique[3]. Au-delà de l’avancée technologique dont bénéficie ce projet, des progrès en matière écologique et énergétique participent de l’amélioration du cadre de vie. Le projet Masdar devrait aboutir en 2025.
 
Actuellement, la ville la plus intelligente du monde, est selon L. Siegele, Singapour. La contrainte géographique est l’une des raisons de ce tournant « écolotechnologique ». Au début des années 1970, les embouteillages monstres dans le centre avaient poussé la cité-Etat à créer le premier système de péage urbain manuel au monde. En 1998, elle était la première à l’automatiser (L. Siegele, 2013).
En dépit de  ses choix déjà avant-gardistes pour l’époque, les autorités locales veulent développer une version accrue par l’émergence  des NTIC : un système guidé par des satellites permettrait de déterminer la position des véhicules.
Mais l’expérience de Singapour n’est qu’une partie de ce qu’une ville intelligente peut être au 21ème. Carlo Ratti, directeur de SENSEable City Lab. du MIT pense qu’en mettant en place un système de contrôle en temps réel, la ville pourrait croiser et utiliser toute un réseau de data (données informatiques), afin d’en optimiser son propre fonctionnement : par exemple, en croisant les données météorologiques et la situation du trafic routier, la ville pourrait mettre à disposition plus de taxis, en cas de mauvais temps. A ce stade, les « villes intelligentes » deviendront « des villes productivistes ».
 
Plus près de nous, le dossier du Courrier International rappelle que la ville d’Amsterdam a lancé un programme www.amsterdamsmartcity.com , ainsi que 30 projets qui proposent des solutions écologiques : soit l’installation de compteurs intelligents, soit le raccordement des bateaux au réseau électrique afin de réduire leur consommation de diesel, due à l’utilisation de groupes électrogènes, ou encore un projet appelé rue du Climat  afin de réduire la consommation énergétique de toute une rue commerçante.
 
Au Brésil, la région métropolitaine de São Paulo, l’une des concentrations urbaines les plus importantes d’Amérique latine, tente de relever le défi du contrôle des ressources hydriques. Avec ces 20 millions d’habitants, l’agglomération métropolitaine de São Paulo est un système complexe, où l’accroissement rapide de la population urbaine a un impact notable sur l’usage du réseau d’eau urbain, et son interaction avec l’environnement. Les particuliers et les entreprises localisés à São Paulo consomment de plus en plus d’eau, puisant ‘irresponsablement’ dans les nappes phréatiques  D’après l’article de Monica Porto[4],  São Paulo et ses 39 communes périphériques qui constitue la RMSP (région métropolitaine de São Paulo), utilise de 70mètres cube  d’eau potable par seconde pour fournir de l’eau aux 20 millions d’habitants de la RMSP. Pour cela, la compagnie de distribution des eaux assure l’approvisionnement grâce à trois grands systèmes de production, 8 stations de traitement et d’épuration, 1 112 km de canalisations, 373 réservoirs de distribution et 30 000km de conduites. Or, depuis plus de 20 ans, la RMSP lutte contre la pollution, dans une métropole où 10% de la population vit dans des logements inadaptés. Pour cela, la super localité ont investi plus de deux milliards de dollars dans la collecte et le traitement des eaux usées. M. Porto précise qu’ « actuellement, 86% des foyers sont raccordés au réseau de collecte et 66% des eaux usées récupérées sont traitées. Pour faire face à ce problème, l’agglomération  doit améliorer la collecte des eaux usées, l’évacuation des déchets solides et la collaboration des différents organismes publics impliqués dans le processus (M. Porto, Revisita Cambridge, 2013). De plus, la RMSP a mis en  place une réglementation, visant à contrôler l’occupation des sols le long des rivières. Elle a également ouvert des espaces verts et des parcs linéaires qui transforment des quartiers longtemps laissés à l’abandon. Pour São Paulo, devenir une métropole intelligente nécessite un plan lié à la consommation régulée des ressources hydriques.
 
Ailleurs, aux Etats-Unis, dans l’Etat de New York, la ville de Buffalo se développe à nouveau, après avoir perdu la moitié de sa démographie, au cours de la seconde moitié du siècle dernier. En 1950, Buffalo comptait près de 580 000 habitants, alors qu’en 2010, seuls 260 000 habitants avaient résisté aux crises économiques successives, ainsi qu’à l’effondrement de l’activité. Il faut savoir qu’à la fin du 19ème siècle, la ville était un comptoir de céréales, mais avec l’apparition des nouvelles voies d’acheminement des marchandises et l’effondrement des industries lourdes de la région des Grands Lacs[5], la ville a perdu une grande partie de sa substance et de son âme.
Or, certains irréductibles habitants ont décidé d’entreprendre la réhabilitation de leurs quartiers ; des associations locales comme Push cherchent à offrir des logements  écologiques abordables aux populations précaires. Ainsi, cette association a décidé de créer une zone de développement respectueuse de l’environnement, avec ces fameux logements écologiques  à loyers modérés. D’ailleurs, en Septembre 2012, l’association que décrit Boyer a inauguré trois bâtiments complètement rénovées, et elle compte construire neuf autres bâtiments, lancer la rénovation de sept : soit 46logements sociaux à haute efficacité énergétique.
 
Sur le principe de la démocratie participative, l’association a invité les habitants à rédiger ensemble un projet de plan de développement urbain. Les objectifs sont multiples : la réduction de l’impact environnemental du quartier, la création d’emplois verts, notamment dans le secteur de l’isolation et de la rénovation (M.A. Boyer, 2013). A ce titre, l’association a créé sa propre agence de recrutement « Push Green » et s’est ainsi associé à un groupe d’entrepreneurs, favorable à la formation et à l’embauche prochaine de la population de ces quartiers.
 
Le Paris du 21ème siècle sera-t-il une ville intelligente et sociale, une sorte d’utopie 2.0. ?
 
A l’heure du  ‘nouveau’ débat sur le « Grand Paris » ou « la Métropole Paris », il est intéressant de voir quelles sont les mesures prises et la direction prise par les autorités locales, régionales et nationales. Contrairement à d’autre bassin urbain existant telle que Berlin ou Londres, la question du Grand Paris se pose toujours et ce, depuis longtemps. L’intégration des autres communes périphériques n’est pas simplement une question d’extension urbanistique, mais plutôt celle d’identité.
 
Si la Métropole Paris émerge, elle pourra le faire au cœur d’une région déjà très développée. En réalité, l’économie francilienne est un des facteurs qui rend possible l’idée d’un « Paris Métropole intelligente ». Tout d’abord, la région Ile de France compte près d’un quart des PME ET PMI et environ 70 000 créations d’entreprises. L’Ile de France est la région la plus attractive d’Europe pour les entrepreneurs.[6] L’Ile de France rivalise avec d’autres grandes régions européennes, voir dans le monde. L’économie francilienne représente 530 milliards d’euros de PIB régional (supérieur à ceux du suède ou de la Belgique). Elle représente à elle seule 29%du PIB national, et 5% du PIB de l’Union européenne. Le développement économique de la région permet de générer environ 5,4 millions d’emplois, dont 3,9 millions d’emplois salariés.
Enfin, élément important, l’économie francilienne est polyvalente et produit des activités variées ; près de 700 000 entreprises sont répartis de la façon suivante : 62% dans les services, 20% dans le commerce, 8% dans la construction, 5,5% dans l’industrie, 3,5% dans les transports et 1% dans l’industrie agricole et alimentaire (www.ile-de-france.fr).
 
Selon le Commissariat général au développement durable, les objectifs de la ville intelligente se situent au même niveau que ceux de la ville durable. En soi, ils ont pour objectifs de parvenir à une forme de sobriété dans l’usage des ressources ; de rendre l’usager acteur du dispositif ; de systématiser la ville[7]. Pour atteindre ses objectifs, plusieurs mesures sont donc envisageables : tout d’abord, des mesures techniques, comme les économies d’eau, la régulation des périodes de pointe dans la consommation d’électricité, la gestion des pertes dues au vieillissement des réseaux, permettent l’optimisation de la gestion des ressources énergétiques et la mise en place de « smart grids ». Ensuite, il faut non seulement rendre plus diversifié la gamme de « services urbains » rendus[8] au public, mais chaque fois qu’un citoyen utilise un service, l’usage qu’il fait du service et son expérience doivent être soumis à analyse. « L’utilisation des systèmes d’information et des moyens de communication internautiques permet au citoyen-usager de signaler à sa collectivité une avarie technique, un dysfonctionnement, créant une boucle de rétroaction allant des utilisateurs aux dispensateurs de services ». De même, la gouvernance démocratique et participative doit être augmentée grâce à un accès facilité aux informations « open data » (lié à un impératif de transparence des activités publiques). L’usage croissant des TIC rend plus effective la relation entre le citoyen et le politique. La ville intelligente rend indispensable la création d’un espace public numérique, une sorte de forum numérique au milieu de la cité intelligente.  Si la ville intelligente est avant tout un « système », l’utilisation des TIC permet d’effacer les frontières sectorielles entre transport, Espace public, Energie et infrastructure. La future ville intelligente doit absolument créer les modèles économiques viables, et qui tient compte de la place de l’usager-citoyen-producteur-consommateur au cœur de la « smart city ».
Par exemple, l’utilisation des TIC permet de lutter contre les émissions de Co2, d’économiser et mieux gérer l’énergie et les ressources, de décongestionner la ville, de diversifier l’offre de transport, de fluidifier les déplacements quotidiens, et rendre plus performante la gestion municipale.
 
Depuis 2011, la région Ile de France a entamé un programme de développement stratégique, dont l’objectif n’est plus tant la recherche de performance accrue imposée par un modèle économique connu, que la création de nouvelles conditions de développement économique et humain. C’est en cela que la région est le terrain idéal pour permettre à Paris Métropole d’atteindre des objectifs de ville intelligente.
La région Ile de France  entend prendre la mesure d’un véritable changement de paradigme et d’en tirer toutes les conséquences opérationnelles. Il ne s’agit pas d’imposer de nouvelles contraintes mais bien de proposer une nouvelle dynamique au travers d’une conversion écologique et sociale de l’économie francilienne. Le pari est de renforcer l’efficacité de l’écosystème régional pour amplifier son développement, créer des emplois tout en réduisant l’empreinte écologique de l’activité économique[9].
 
Cette stratégie élaborée par la région et les acteurs économiques franciliens s’appelle : « Stratégie régionale de développement économique et d’innovation 2011-2014 ».
L’intitulé de ce projet est en soi porteur d’une promesse : tout d’abord, la stratégie est localisée et territorialisée. La région est effectivement un cadre à la fois géographique, institutionnel, socio-économique et humain, suffisant pour la mise en place d’un tel projet.
Ensuite, le développement économique s’accompagne toujours d’une politique d’innovation. Il va de soi que l’innovation est l’une des conditions essentielles d’une ville ou d’une région intelligente. Enfin, le programme s’étale sur une courte période d’essai de 3 à 4ans, même si le véritable engagement de la région est de re-façonner le territoire Ile de France pour les vingt prochaines années : la stratégie régionale de développement économique et de l’innovation (SRDEI) novatrice et audacieuse parce qu’elle vise à rendre plus compétitives les entreprises tout en respectant les facteurs humains et environnementaux. La région Ile-de-France  s’inscrit ainsi dans le cycle des villes et des métropoles intelligentes. Et si la région fait ce choix, alors le Grand Paris s’inscrira de fait dans cette même mouvance. Le budget est de 900M pour la période 2011-2014. Les facteurs déterminants d’une telle stratégie reposent sur trois axes :
La position et l’action des partenaires industriels doit être renforcées. Les PME et les PMI sont confrontées aux crises économiques, écologiques et aux évolutions structurelles de l’économie mondiale. Pour soutenir leur croissance, et ainsi aménager les conditions d’une métropole intelligente, ce premier point consistera en une aide à la conversion écologique et sociale ; l’ouverture des marchés publiques de l’immobilier ; le soutien à l’entrepreneuriat et à la transmission des savoirs ; la promotion de l’économie sociale et solidaire ; l’émergence sur la scène internationale.
Le deuxième axe est l’innovation. Un des autres facteurs essentiels du développement économique d’une métropole intelligente repose sur l’expérimentation, les avancées technologiques ou l’exploration de nouveaux champs. Pour accompagner les porteurs de projets, la région mise sur un rapprochement entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise ; l’éclosion de nouvelles entreprises ; la facilitation technologique ; le soutien à l’économie numérique.
Le dernier axe est le développement de la solidarité territoriale. L’attractivité de l’Île-de-France nécessite de réduire les inégalités territoriales. Ces inégalités nuisent à la cohésion et à l’émergence d’une métropole intelligente mondiale renforcée.
 
Pour construire ce projet, qui permettra à termes l’émergence d’une région plus intelligente, la Région compte créer les structures capables de fédérer et d’harmoniser les politiques d’intelligence économique, institutionnelle, sociale et environnementale. Parmi ces structures, on comptera :une plate-forme d’ingénierie publique régionale « Paris Région Entreprise », servira à l’accompagnement des PME-PMI ; une agence d’études et de prospective régionale aura les attributs et les fonctions d’un « think tank », d’un observatoire des mutations économiques et des entreprises stratégiques ; une nouvelle Agence Régionale du Numérique sera vouée à l’animation de l’écosystème numérique.
La stratégie d’harmonisation des politiques passe aussi par la création d’une marque commune. Comme toute stratégie de branding, l’objectif est « de créer une marque de référence mondiale suffisamment visible et emblématique afin que chacun s’y retrouve, et engendrer ainsi une dynamique collective, en gardant à l’esprit le fait que la diffusion d’une marque n’est pas qu’une action de communication mais aussi une création de valeur(s) » (SRDEI, 2011-2014).
 
L’Ile-de-France a donc décidé de ménager la somme de ses atouts, afin de s’orienter vers un nouveau modèle de développement fondé sur une économie plus sobre. Il s’agit de promouvoir les nouveaux processus de production, les biens à forte valeur ajoutée « durable », l’innovation technique, sociale et organisationnelle. L’Ile de France sera au 21ème siècle, un écosystème régional intégré ; et ce dans le but d’amplifier la création d’emploi, d’améliorer le bien-être, et de réduire l’empreinte écologique de l’activité économique. Les trois secteurs stratégiques et transversaux que sont la santé, la mobilité et l’efficacité énergétique doivent être mis au  cœur de la politique territoriale.
Comme tout écosystème, cet objectif ne sera vraiment atteint que si les individus, les acteurs publics et privés, les partenaires institutionnels et solidaires, s’interconnectent concrètement dans leur quotidien. Un écosystème est un ensemble formé par l’association ou la communauté d’êtres vivants et son environnement. Les éléments participant de cet écosystème développent un vrai réseau d’échange d’énergie et de matière. Toutefois, cette conversion représente des coûts élevés selon les secteurs et les entreprises. La puissance publique a donc un rôle à jouer pour aider les entreprises (sorte d’êtres vivants économiques et industriels) à s’adapter intelligemment à leur environnement.
Selon le Commissariat général au développement durable, les objectifs de la ville intelligente se situent au même niveau que ceux de la ville durable. En soi, ils ont pour objectifs de parvenir à une forme de sobriété dans l’usage des ressources ; de rendre l’usager acteur du dispositif ; de systématiser la ville[10]. Pour atteindre ses objectifs, plusieurs mesures sont donc envisageables : tout d’abord, des mesures techniques, comme les économies d’eau, la régulation des périodes de pointe dans la consommation d’électricité, la gestion des pertes dues au vieillissement des réseaux, permettent l’optimisation de la gestion des ressources énergétiques et la mise en place de « smart grids ». Ensuite, il faut non seulement rendre plus diversifié la gamme de services rendu au public, mais chaque fois qu’un citoyen utilise un service, l’usage qu’il fait du service et son expérience doivent être soumis à analyse. « L’utilisation des systèmes d’information et des moyens de communication internautiques permet au citoyen-usager de signaler à sa collectivité une avarie technique, un dysfonctionnement, créant une boucle de rétroaction allant des utilisateurs aux dispensateurs de services ». De même, la gouvernance démocratique et participative doit être augmentée grâce à un accès facilité aux informations « open data » (lié à un impératif de transparence des activités publiques). L’usage croissant des TIC rend plus effective la relation entre le citoyen et le politique. La ville intelligente rend indispensable la création d’un espace public numérique, une sorte de forum numérique au milieu de la cité intelligente.
 
Si la ville intelligente est avant tout un « système », l’utilisation des TIC permet d’effacer les frontières sectorielles entre transport, Espace public, Energie et infrastructure. La future ville intelligente doit absolument créer les modèles économiques viables, et qui tient compte de la place de l’usager-citoyen-producteur-consommateur au cœur de la « smart city ».
 
Les solutions intelligentes dans l’usage des transports
Parmi les solutions envisageables, le Commissariat général au développement durable propose plusieurs mesures :
  • le guidage automatique pour trouver une place de parking, et éviter la pollution ainsi que la congestion liée à l’attente.
  • la mise en place d’une billettique[11] qui offrirait un système d’interopérabilité entre les différents réseaux de transport, et permet donc de faciliter et de mieux accompagner l’usager d’un réseau à un autre.
  • Le système NFC (near field communication[12]) favorise l’accès à une large gamme de services « intégrées » et « circonstanciées »  Les services offerts peuvent varier du secteur des transports (billettique, information personnalisée), à d’autres services offerts par la ville (culture, tourisme), voire même des services bancaires.
  • L’augmentation de l’utilisation des véhicules électriques et la multiplication des bornes de recharges.
  • La démultiplication de l’offre des modes de transport (TPI transports publics individuels) comme le vélib’ et l’autolib’.
  • L’amélioration de la signalisation au sol, rend les routes plus intelligentes, et l’information multimodale (information en temps réel) rend plus efficace la gestion des déplacements et optimise les choix de déplacements.
 
Les réseaux intelligents (eau, énergie…)
Pour pallier à la limitation des ressources (zone de stress hydrique), pour faire face au gaspillage et surtout au pics de surconsommation, il est impératif que l’usager soit mieux informé sur sa propre consommation, afin d’en avoir la maîtrise et de réguler (data sur la consommation en temps réel, la facture d’électricité, d’eau). D’un autre côté, la collectivité doit préserver et économiser des ressources limitées, réguler offre et les dépenses énergétiques en maîtrisant la demande. A ce titre, la connaissance des zones et des pics de consommation permet l’utilisation des compteurs à distance, le maintien des volumes de sécurité. Pour rendre intelligent les réseaux de distribution, les solutions que propose l’étude du Commissariat au Développement durable sont les suivantes:
  • Les smart grids optimisent la gestion de l’énergie par une meilleure régulation de l’offre et la demande
  • l’intégration de la production locale d’énergies renouvelables par les particuliers sur le réseau de distribution (les consommateurs d’énergie peuvent produire leur propre énergie notamment en installant des panneaux photovoltaïques sur leurs logements et revendre le surplus au réseau public).
  • l’usage de compteurs intelligents comme Linky développé par ERDF permet l’information en temps réel de la consommation d’énergie.
  • l’extension des systèmes de production locaux de l’énergie assure la répartition des risques et ainsi d’éviter les blackouts généralisés. Intégration de cette solution au secteur des transports : l’essor des véhicules électriques pourrait générer des pics de demande d’électricité difficiles à gérer en l’état actuel de fonctionnement du réseau d’électricité. Un fonctionnement et une production locaux permettraient de piloter plus efficacement la recharge des véhicules électriques.
  • La construction d’îlots à énergie positive.
  • l’usage d’un Smart water networks (capteurs et compteurs intelligents gérant les informations sur l’état du réseau, la consommation, les ressources disponibles : modèle de gestion dynamique en temps réel).
 
L’émergence de nouveaux espaces numériques et des usagers mieux informés.
La forte pression immobilière, l’extension urbanistique, la congestion et l’extension des trajets du domicile au bureau et l’absence de mixité fonctionnelle sont autant de facteurs qui nécessitent une meilleure numérisation des espaces, voir même la création de nouveaux espaces. De telles innovations rendraient possible le travail hors du bureau, une réduction des temps et des coûts de déplacement, une nouvelle socialisation du travail, par exemple avec le développement du co-working[13], des bureaux « Satellite »[14], ou encore des Smart work centers[15].
 
Parmi les autres grandes innovations, l’information en temps réel, et les centres de gestion technique capable  de traiter un ensemble de données publicisées et accessibles partout apportent une meilleure transparence de l’action publique, un décloisonnement du système d’informations ; et l’accès facilité aux données transforme la gouvernance de la collectivité pour toutes les parties prenantes. La vie démocratique locale s’en trouverait peu à peu modifiée. D’une part, le citoyen-usager interviendrait en temps réel, et d’autre part, le processus entre la prise de décision et l’application, accéléré.
Cela signifie une information diversifiée et de meilleure qualité sur l’action de la collectivité, des informations personnalisées. A ce titre, il faut favoriser :
  • l’ouverture de canaux de communication entre services municipaux et citoyens.
  • le développement des applications sur smartphone pour faciliter les requêtes auprès des pouvoirs publics.
  • le développement du Cloud computing, pour permettre l’archivage des données à distance et l’accès depuis n’importe quel endroit grâce à une connexion internet.
  • le développement de nouvelles fonctionnalités urbaines (mobilier urbain interactif, plate- forme de services, open data), afin de généraliser l’accès à une gamme d’informations en tous genres depuis n’importe quel endroit.
  • l’implantation du Near Field Communication (NFC), disponible sur smartphone et qui donne accès à un bouquet de services
  • l’extension de l’Open data
  • la création de panneaux interactifs et de bornes tactiles.
Pour les professionnels et pour les entreprises, cela représente une rentabilité de leurs activités par l’accès aux connaissances (turn open data into gold), et pour la ville, une réduction des coûts liée à la dématérialisation des opérations.
 
Une cartographie nouvelle et  intelligente
 
La centralisation des services
Aujourd’hui, un des facteurs favorables au développement intelligent d’une ville, est la gestion technique et centralisée des services. La centralisation permet d’évacuer le problème persistant du traitement des demandes par des services séparés, ou encore le manque de connexions entre les différents services. Cet éloignement entre les unités freine notamment le traitement des informations.
Ainsi, la centralisation permettrait aux particuliers de bénéficier d’un service de meilleure qualité, capable de réagir plus rapidement et adéquatement lors de certains dysfonctionnements. Pour la collectivité, cela signifie l’optimisation du fonctionnement des services, une plus grande  efficacité,  et surtout des économies d’échelle importantes.
 
Les solutions de centralisation envisagée par la commission peuvent prendre les formes (innovantes) suivantes :
  • La télégestion de l’éclairage public en fonction des conditions météorologiques
  • L’automatisation de certains services techniques et certains systèmes comme par exemple l’arrosage des espaces verts ; ou encore la création de bornes polyvalentes, comme par exemple de nouveaux horodateurs, qui calculent instantanément le nombre de places disponibles et les dépassements horaires potentiels.
  • La mise en place de GPS et d’interface numérique à bord des véhicules du service public, afin de mieux se repérer dans la ville, et de collecter des informations de nature diverse.
 
Des lieux plus intelligents : L’exemple des « smart buildings »
Face à la dépendance énergétique, aux gaspillages, aux bâtiments inadaptés, la ville intelligente doit pouvoir produire de l’énergie renouvelable sur site, assurer une exploitation environnementale du bâtiment, et optimiser les consommations. Une meilleure régulation de la consommation favoriserait une diminution des coûts pour les particuliers, et tout en augmentant leur confort. La collectivité contribuerait de façon efficiente à des économies d’énergie,  à la réduction de l’empreinte énergétique, la réduction des coûts énergétiques.
 
Des solutions existent ailleurs, comme :
  • des réseaux de chaleur intégralement alimentés par les énergies renouvelables
  • la consommation énergétique des bâtiments régulée grâce à un smart grid (cela peut aussi s’appliquer à l’échelle du quartier si différents bâtiments intelligents sont reliés ensemble sur le même smart grid).
  • l’ajustement des besoins énergétiques en fonction des activités ; par exemple, le basculement des flux d’énergie selon les heures, des « unités logements » vers les « unités bureaux » (et inversement).
  • l’augmentation du nombre de panneaux photovoltaïques, afin de produire plus d’électricité en respectant les périodes d’autonomie énergétique.
  • l’automatisation de toutes les fonctions du bâtiment, à savoir le système de chauffage et de refroidissement, la sécurité, l’éclairage, les déplacements en ascenseur. Toutes les fonctions du bâtiment sont alors prises en charge via des unités de régulation et de gestion autonomes. Cette automatisation peut s’étendre à des groupes de bâtiments, à des quartiers, et prennent alors la forme de systèmes de télégestion décentralisés.



La sectorisation des activités
Une cartographie nouvelle de la ville passe par une relecture des repères orthonormés que nous avons déjà abordés çà et là : les services, les technologies de l’Information et de la Communication, les équipements et l’énergie sont les quatre points cardinaux de la nouvelle cartographie. Le but étant de repositionner les différents acteurs de la ville matérielle.
Par exemple, si on positionne les acteurs les uns par rapport aux autres, via une division par secteurs (eau, déchets, électricité, gaz, télécommunications, bâtiments, secours, éducation, santé, transports etc.), on constate qu’une même entité peut se situer sur plusieurs segments. C’est Le cas pour de Bouygues, Veolia[1] ou encore Gdf Suez dont l’activité ne saurait se limiter à un mono-secteur.
Actuellement, la mondialisation a permis à certaines entreprises de développer leurs activités sur plusieurs secteurs (qui peuvent être considérés dans leur ensemble autant que séparément selon les projets).
La nouvelle cartographie pour une ville intelligente tient compte de ce décloisonnement, et s’intéresse plutôt aux phénomènes de synergies.
 
 
 

En essayant de schématiser le processus de fabrication de la ville intelligente, on parvient à distinguer trois grands domaines d’activité inscrits dans une chaîne d’intégration de l’innovation technologique : l’innovation technologique ; l’intégration de l’innovation aux activités déjà existantes ; les nouveaux métiers associés.
L’avantage de cette cartographie est de faire ressortir les nouvelles activités induites par l’usage des TIC dans le milieu urbain. On prendra l’exemple des ESCO (sociétés de services énergétiques, Energy Service Company[1]) qui proposent une gamme de services afin de réduire la consommation énergétique.
 
 
Cependant, ce modèle dynamique répète la division sectorielle à travers des catégories plus larges et, une fois encore, certains acteurs sont cantonnés à une place fixe, alors qu’ils interviennent à tous les niveaux. De plus, cette schématisation suggère un modèle causal qui fait reposer l’entièreté la Ville intelligente sur quelques acteurs de l’innovation technologique. Or, la production de la ville intelligente se joue dans le développement de nouveaux partenariats qui montrent une complémentarité entre les différents acteurs. Il est donc préférable d’user une typologie distinguant six grands rôles intervenant dans la construction de chaque projet :
1) Intégrateur de solutions
2) Solutions/logiciels
3) Assistance à la maîtrise d’ouvrage
4) Gestion de réseaux
5) Infrastructures de réseaux
6) Equipements pour les usagers
 
 
Cette cartographie par rôles permet de positionner chaque entreprise en dissociant le cœur de métier des nouveaux secteurs d’activité. Elle met en avant l’évolution des métiers au sein des entreprises.
La lecture et l’analyse des modifications de l’activité productive induite par le développement du marché optimisent les villes plus intelligentes. D’ailleurs, le rôle d’intégrateur de solutions est placé en première position car il s’agit d’une activité déterminante dans la construction de la ville intelligente. En effet, si l’intelligence se caractérise par une circulation accélérée et démultipliée du flux d’informations, alors les intégrateurs seront le point nodal du réseau : ils collectent, traitent et redistribuent l’information (La ville intelligente : état des lieux et perspectives en France, 2013)



[1] « Le monde anglo-saxon a mis en place un système institutionnel, et non un pur système conventionnel, connu sous le vocable d’ESCO (« Energy Service Company »). Schématiquement, une ESCO est chargée de lever les financements nécessaires aux projets d’économie d’énergie, fait procéder à la réalisation des travaux ou à l’achat des équipements nécessaires et garantit un résultat. Les ESCO sont rémunérées par une rémunération fixe (« Business Cost ») et une rémunération variable (« Shared Savings Agreement ») » Les contrats de performance énergétique, Olivier Ortega pour le MEDDTL, La Documentation française, 2011


[1] Veolia possède quatre domaines d’activité (eau, déchets, électricité, transports)
 

[1] Le décumanus  est l’axe est-ouest des villes romaines.
[2] Le Cardo est l’axe nord-sud des villes romaines. Le mot latin signifie « pivot », est employé en termes d’orientation géographique pour désigner cet axe autour duquel semble pivoter la voûte céleste.
[3] Lire Ludwig Siegele, la ville intelligente n’est plus de la science-fiction, extrait de « The Economist », in Courrier International, n°1169, 28mars au 3avril 2013
[4] Lire Monica Poro, São Paulo : et au milieu coule une rivière, extrait de « Revista » Cambridge, in Courrier International, n°1169, 28mars au 3avril 2013
[5] Mark Andrew Boyer, « les écoquartiers ne sont pas réservés aux riches », extrait de « Yes ! », Bainbridge Island , in Courrier International, n°1169, 28mars au 3avril 2013
[7] Commissariat général au développement durable, « La ville intelligente : état des lieux et perspectives en France », Etudes et documents, n°73, nov. 2012
[8] Par le terme « services urbains », on désigne l’ensemble des services rendus par la collectivité sur son territoire pour les usagers, qu’il s’agisse des transports, de l’eau, de l’assainissement, des déchets, de l’énergie et des réseaux de télécommunication.
[9] Cf. « Stratégie régionale de développement économique et d’innovation SRDEI 2011-2013 », p.3
[10] Commissariat général au développement durable, « La ville intelligente : état des lieux et perspectives en France », Etudes et documents, n°73, nov. 2012
[11] La billettique désigne l’ensemble des opérations liées aux titres de transport, d’une offre de transport dans laquelle les billets papier ont été remplacés par des supports de technologie plus avancée (notamment cartes à puce ou téléphone mobile par exemple) » (définition donnée par le CERTU)
[12] Near field communication signifie communication en champ proche. Ce système permet l’échange d’informations entre un lecteur et n’importe quel terminal mobile.
 
[13] Le Co-working space est un lieu de travail qui réunit différents types de métiers et favorise l’interaction entre individus.
[14] Le bureau « satellite »sont souvent de l’initiative privée, et caractérise l’implantation d’un nouvel espace de travail plus accessible pour le personnel, afin de réduire les déplacements.
[15] Les Smart work centers sont des lieux de travail rapprochés du lieu de vie permettant de travailler de manière flexible et de diminuer les temps de trajet

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